L'AIMÉE
théâtre sonore/ 1h / 2020-22 /
Des héroïnes d’opéra qui résistent, cèdent et meurent...
L’un des pouvoirs de la musique est celui de faire passer des messages de toute sorte en contournant notre esprit critique. Inspiré par la New Musicology, et plus particulièrement par l’essai Ouverture féministe (Susan McClary, 1991), Álvaro Martínez León se propose travailler autour des mécanismes hypnotiques propres à la musique en lien avec les livrets d’opéra.
Comment interroger les représentations de la femme et de l’autre dans l’histoire de l’opéra, tout en avouant la fascination que l’art lyrique peut nous procurer ? L’un des objectifs principaux étant de partager cette réflexion avec des publics connaisseurs et profanes par le biais d’une expérience artistique, nous nous sommes lancés dans un dispositif immersif et participatif, qui chercha à s’infiltrer dans un territoire a? chaque fois qu’il sera mis en place.
SOUVENIRS, FICTIONS
6 fictions radiophoniques pour 7 performers et bande/ 10 min / 2019 / commande de l'émission radio 'Création Mondiale' - France musiques
Cette pièce cherche à mettre en scène des accidents, des actions ratées, des situations banales, qui ont en commun la capacité de nous interpeller à l’endroit où la perception et la culture se confondent. La suite de fictions interroge les notions d’erreur, de laideur, du banal, en tentant de révéler la violence symbolique qui habite les codes culturels quotidiens de toute société, ces codes qui nous demandent avant tout des productions formelles, normées.
Les six micro-pièces explorent des thématiques particulières : hymnes, nationalismes, communautés imaginaires, société du spectacle, sexualité et genre, biopolitique, altérité, ethnocentrisme, méta-narratives de l’élite culturelle, la Grandeur, la mise en scène de soi-même, l’interview à l’artiste.
Les interprètes sont demandés de jouer des instruments pour lesquels ils ne se sont pas formé.e.s, de travailler sur des bruitages ou encore de chanter « faux ». Sur chaque micro-pièce, l’enregistrement de leurs actions sonores est superposé à un paysage sonore ou à un montage de type fiction radiophonique.
Il s’agit d’un dispositif conçu exclusivement pour être diffusé à la radio, pour être écouté ( idéalement ) avec une chaîne Hi-Fi ou un casque. Le lien ci-contre ramenant à l'émission intégrale avec interview vous pouvez aller directement à l'écoute des pièces, en ramenant le curseur du lecteur à 8min52sec.
La version binaural ( écoute exclusivement au casque ), c'est par ici
ÉCOUTEZ CE FA
théâtre sonore/ 1h / 2018-19 /
Comment une assemblée se laisse-t-elle entraîner par un personnage médiatique, qu’il soit politique, religieux ou artistique ? Est-ce la voix, le langage corporel, l’émotion transmise par le personnage qui font émerger l’extase de la foule ? Dans quelle mesure le public accepte-t-il d’adhérer à ce rituel collectif ?
La note Fa jaillit des haut-parleurs entourant les spectateurs, qui se tiennent debout face au plateau. Sur scène, une figure féminine interprète un personnage polymorphe qui parle, qui chante, qui gesticule, tout en sollicitant le public pour chanter et créer un tissu sonore qui accompagnera tous les personnages incarnés par la leader.
Cette pièce a été réalisée à partir de transcriptions de discours de "leaders" trouvés sur le net, à savoir: une camgirl qui interagit avec ses spectateurs, un discours d'une leader d'extrême droite, un pasteur afro-américain à l'epoque des Civils Rights, une meneuse d'un rituel soufi, un chanteur de maloya.
LA RUTINA DE LO INVISIBLE
pour orchestre et public / 25' / 2016 /
Cette machine d'horlogerie se donne pour tâche de créer l’invisible jour après jour dans les auditoriums du monde occidental et d’autres régions de la planète qui s’associent progressivement à ce récit collectif. En dehors de toute référence culturaliste, le phénomène de la musique symphonique communique avant tout la capacité de réunir une masse de personnes pour créer un moment extraordinaire. ‘La Rutina de lo Invisible’ rend hommage à cette communauté d’artisans anonymes qui réactualise au quotidien le rituel du concert symphonique avec un public toujours prêt à perpétuer la tradition des grands génies classiques.
Création 27 juillet 2016 au Palacio de la Ópera (La Coruña, Espagne) par la JONDE (Orchestre de la Jeunesse d'Espagne) dirigé par Hermes Helfricht. /
THE LAST HERO - UN APERÇU CULTUREL DU CERVEAU REPTILIEN DE RICHARD STRAUSS
théâtre musical immersif pour 10 instruments / 22' / 2016 /
Création 17 novembre au Palace Nymphenburg (Munich, Allemagne) par BlauerReiter ensemble dirigé par Armando Merino. /
ID. 2
sketch-performance / 3' / 2016 /
Création 23 avril au chapiteau de cirque de Rochefort sur Loire (49) par Alvaro Martinez Leon. /
TRAVELLING
pièce vocale pour 12 hommes en mouvement / 28' / 2015 /
12 hommes sont placés dans un espace ouvert mêlés au public, qui est invité à se déplacer pendant la pièce pour composer son propre ‘Travelling’ auditif et visuel. Un ensemble formé exclusivement par des mâles est nécessaire afin de créer des images de groupe où le pouvoir est concentré dans des communautés d'hommes. La pièce explore des questions liées à l’identité religieuse, nationale, folklorique, la micro-communauté, l’économie ou la sexualité, le tout mis à un même niveau de pulsion d’homo sapiens.
Création 12 décembre 2015 festival FORMA, Angers. Avec la collaboration du trio vocal 'Garçon s'il vous plaît', et 10 participants amateurs/
ID. 1
performance participative, stéthoscope amplifié, échographe Doppler / durée indéterminée / 2015 /
À mi chemin entre la thérapie de groupe et l'animation de colonie de vacances, cette performance participative explore la mémoire autobiographique des participants. Un échographe Doppler amplifié diffuse le son du flux sanguin de la personne qui annonce un souvenir intime. Sa voix est captée par un stéthoscope amplifié, qui répriduit une image sonore interne de sa mémoire.
Pour mettre en scène le relation entre l'individue et le collectif, le reste des participants encourage la personne exposée avant qu'elle commence à parler, pour ensuite créer une silence embarrassant à la fin de l'aveu. Première par Alvaro Martinez Leon et un groupe de participants, aout2015 à Luma Luma (La Cornouaille, France). /
DARWIN INNAMORATO
pour mezzo-soprano et baryton/ 11’ / 2013 Création par Mélanie Panaget et Lilian Duault. Dédiée à Mélanie Panaget et Lilian Duault
Il s’agit aussi questionner la manière dont les grandes narratives sont portées par la musique savante occidentale, et plus particulièrement par les tubes d'opéra éternellement joués dans le monde entier de nos jours. Des chants Inuits apparaissent comme paradigme de non-différentiation entre communication « animale » et communication « humaine ». En effet, ces chants, sont construits en grand partie par l’imitation de sons d'animaux, et ils sont cités ici dans une volonté d’hommage à une tradition vocale exceptionnelle. /
DIFFÉRENCE ET RÉPÉTITION
video, vocals/ 2’36'' / 2014 /
Sharing its title with Deleuze's renown essay, this video is constructed from fragments of 4 chants belonging to different cultural groups. A re-composition of the chants has been made by putting together the pitches which they have in common.
The repetition of a same pitch aims to de-contextualise it, in a naive research of universality by the author. Difference arises when each pitch is heard in its proper context of timbre, tuning expression and phonetics.
Difference (cultural specificity in this case) is directly related to authenticity, which Martinez is absolutely deficient to achieve in each of the interpretations of the 4 musical fragments. Nor blues, flamenco, classical occidental or popular Arab music belong to his deep cultural roots, thus the video reveals the pluralistic background of a culture-consumerist person, a post modern victim of globalisation./LITTÉRAL - NON LITTÉRAL
ensemble, vidéo/ 11’ / 2014 /
1. Supens: dramaturgie orchestrale
2. Exotisme: l'Afrique vue depuis un salon occidental
3. Des corps: désire et soulagement.
Création par l'ensemble Rhizome décembre 2014 aux Champs Libres (Rennes, France). /
INTERNAZIONALE DOPPLER
pour 3 performers, vidéo, métronome, diapason, boîtes à musique et live electronics/ 12’ / 2015 /
Création par Maxime Arnaud, Sébastien Herrgott et Alvaro Martinez Leon. Vidéo par Anissa Allam-Vaquez, live electronics par Sylvain Harrand. Création avrill 2015 à la mairie de Savennières (France)./
WSL
pour flute, saxophone, guitare, alto et violoncelle / 10’ / 2009.Création ensemble Cairn au conservatoire d’Aulnay sous Bois. Dédiée à l’ensemble Cairn
Des citations de ces deux musiciens apparaissent au cours de cette pièce, imprégnées de l'atmosphère de la wasla. Ainsi, la pièce est une succession de reconstructions et de déconstructions de ces citations. Ces processus sont des passages du bruit au son [construction] ou du son au bruit [déconstruction], et chacun utilise des moyens différents [accumulation, accelerando, crescendo, etc].
Le moteur discursif de la pièce est défini par une autre dérivation de la même racine: wisal, l’union des âmes et des corps. La thématique des musiques citées est marquée par le mal d’aimer, la souffrance de l’amour non partagé. De ce fait le wisal, qu’il soit frustré ou satisfait, est présent explicitement dans les paroles et tacitement dans le chant, par toute sorte de moyens expressifs. J’ai donc tenté de créer une image sonore de cette palpitation sous-jacente comme si on écouterait le corps d’un chanteur avec un sthétoscope, apercevant ainsi l’activité de ses organes lors des moments d’émotion dramatique /
LE VOISIN D'EN FACE
pour 6 voix parlées / 10’ / 2008. Création Vocaal LAB opéra de Madrid. Dédiée à la mémoire de Salim Benbraham
À mi chemin entre la « musique pure » et le théâtre musical, Le Voisin d’en Face explore les possibilités non traditionnelles de la voix parlée. Le résultat de ce travail aboutit parfois à une expression à la limite du scatologique, afin de faire allusion à la condition biologique de la voix et du langage.
S’agissant de la toute première œuvre de « musique contemporaine » d’Alvaro, elle témoigne de la forte impression qui lui a créé la découverte du trauma colonial franco-algérien dès son arrivée en France. Le choix du français et de l’arabe algérien comme matériel phonétique découle de cette première perception d’un conflit dont les blessures sont loin d’être guéries. /
FUERA DE [ L ] TIEMPO
pour clarinette basse, percussion et bande / 14’ / 2009. Commande de Duometrie. Création Axes Jazzpoer Eindhoven, Pays-Bas. Dédiée à Duometrie
De quelle manière surgirent les hauteurs musicales dans les temps préhistoriques? La réponse plus suggestive pour moi est que l’homme imitait les sons de la nature, et ces imitations devinrent des mélodies. Inspirée de cette idée, la forme de la pièce suit un dialogue narratif entre deux perceptions de la nature : la conscience physique ou musculaire de notre propre corps et la représentation sensorielle ou auditive de l’extérieur. Les musiciens et la bande représentent ces deux formes de perception pendant toute la pièce, avec des sons qu’imitent, par exemple, la respiration ou un chant d’oiseau.
Parallèlement, cette narration parcourt deux dimensions espace - temps de la musique de Afrique de l’Ouest: la rural [associé au passé] et l’urbaine [liée au présent]. Le titre de l’œuvre fait référence à une autre thématique : le pouvoir que les musiques à ostinato rythmique exercent sur la perception du temps. Ces musiques sont présentes dans toutes sortes de rituels sociaux [i.e. l’amusement ou la transe mystique] et partagent la fonction de transporter la conscience hors du temps quotidien. Par ailleurs, dans le langage des interprètes de ce genre de musiques, jouer en dehors du temps est une manière de « naviguer » sur un ostinato dans une pulsation parallèle. Fuera de[l] Tiempo explore ces niveaux de temporalité, en se servant autant du patron rythmique obsessif que du paysage sonore en état pure.
Au niveau timbrique, la pièce est construite avec des sons « sales » ou « ignobles » produits par des matériaux de recyclage. Il s’agit d’une recherche pour imiter le timbre des instruments artisanaux d’Afrique, créés à partir d’emballages et autres déchets. La bande suit cette même direction, en utilisant des son « imprécis » et « flous ». Ainsi, le matériau sonore de la pièce nous invite à contempler la beauté et la force de l’impur /
ASÍ EN EL CIELO COMO EN LA TIERRA
pour flûte / 9’ / 2009. Création Cédric Jullion, conservatoire de Aulnay sous Bois. Dédiée à Cédric Jullion
Parallèlement, le discours est axé sur la condition biologique de l'être humain, en situant sur un même niveau harmonicité, langage, musique et respiration. Tous ces éléments apparaissent comme les strates qui font fonctionner un engin organique [le corps humain] au moment de l'interprétation musicale. L'organisation non hiérarchique de l'écriture est en partie une conséquence du chant qui apparaît dans la pièce. Appartenant à la tradition Nan Kouan du sud de la Chine, ce chant porte des paroles en forme de très longs récits épiques qui peuvent durer jusqu'à une nuit entière. Il en résulte une musique statique, dans laquelle on ne retrouve plus le début ni la fin et qui est enrichie continuellement par des ornements. Ainsi, cette circularité guide l'écriture temporelle de la pièce.
Le titre ['Sur la terre comme au ciel'] fait une référence ironique à l'alternance entre les sons qui se rapprochent de notre condition biologique, terrienne [la respiration, la voix] et ceux qui se détachent d'elle [les sons pures de la flûte, les harmoniques très aiguës]. Ces derniers, par sa traditionnelle connotation de pureté et transcendance, appartiennent au royaume des cieux où ils demeurent régis par l'harmonie des sphères… /
LES SENTIMENTS D’UNE PORTE [ hommage à Pierre Henry ]
pour bande / 12’ / 2009. Création CRD du Blanc-Mesnil
Voici un hommage à ces éléments du langage de Henry et plus spécialement à la recherche sonore dans notre entourage de tous les jours. J’ai aussi voulu porter un regard ludique sur ces portes que l’on franchit souvent sans nous rendre compte de la richesse sonore qu’elle peuvent nous apporter, voire l’expressivité qu’elles peuvent dégager. Notre entourage quotidien peut nous produire de la dérision, tout comme la musique « savante », trop souvent censée nous communiquer exclusivement des idées élevées /